Danielle Zerd

L'art est une recherche de la vérité idéale (Georges Sand)

Série

Les mots à dire

Cette série a commencé avec un coup de coeur vis à vis d’un livre sur l’étymologie des mots. J’étais soufflée par la beauté des mots, leurs richesses, leurs histoires, leurs significations, leurs naissances, puis leurs transformations au fil du temps avec leurs secrets et leurs finesses. Je me suis aussi sentie toute petite face à autant de beauté et j’ai cherché comment exprimer l’émotion des mots quand on est sculpteur.
J’ai commencé à en comptabiliser, faisant lire ces séries de longues listes à ma famille, mes amis et je regardai leurs attitudes et leurs réactions. Cela m’a rassuré sur l’impact des mots alors qu’ils n’étaient pas introduit dans des phrases, mais seuls et puissants. Puis la solution est venue quand j’étais prête j’imagine. J’ai associé mon admiration de certains artistes peintres, sculpteurs, plasticiens, à des séries d’émotions pour, à la fois, rendre hommage à ces artistes qui ont enrichis ma créativité, mettre en lumière ma reconnaissance de ce qu’ils m’ont apporté, et également me permettre de me faire entendre à travers leurs talents.
Il était défiant de transformer en sculpture des œuvres peintes ou en 2 dimensions, mais ce fut assez agréable de regarder la lumière de leurs oeuvres pour y constituer des plans et ainsi faire un travail en volume. Ces tableaux-sculptures réalisés en bronze sont entourés d’environ 100 mots exprimant à chaque fois le même aboutissant.
 
 
Pour commencer les 2 premières séries « Bonheurs, les mots » avec la colombe nuage dans « La Grande Famille » de Magritte qui est en pleine tempête et « Cruel, les mots » avec « l’Homme qui marche » de Giacometti, imperturbable, tant que la vie l’habite il y a de l’espoir.
 
Puis d’autres tableaux ont été l’occasion de m’exprimer sur des sujets personnels comme « Existentiel, les mots » avec un chérubin, détail de la « Madonne Sixtine » de Raphaël, « Créer, les mots » avec « Nu bleu I » de Matisse, « Résister les mots » avec le « Dollar Sign » de Andy Warhol, un support pour réfléchir sur l’aspect strass et superficiel, vendu comme une valeur humaine de réussite.
 
Viennent ensuite des sujets qui semblent plus légers comme « Gourmandise, les mots » avec le flacon bouche de Dali ou « Enfance les mots » avec une « Nana » de Niki de Saint Phalle.
 
Mais il y en a un très dur que j’ai refusé de vendre, « Effroyable les mots » avec « Le Cri » de Munch, qui exprime peut-être un non retour en arrière pas que l’on ne peut pas le traverser mais qu’il s’inscrirait véritablement dans la chair de celui qui aurait à traverser certaines épreuves, et dans épreuve il y a une notion de sortie dans effroyable il y a un point de non retour. « Effroyable » flirte avec des dimensions difficiles à partager comme la peur viscérale de quelque chose propre à chacun.
 
Il y a bien sûr « Aimer, les mots » qui est une déclaration d’amour à la vie, à l’autre avec « Le baiser », presque trop passionnel, de Klimt qui étreint cette femme prêt à la dévorer entre ses bras. Entre résistance et abandon, ce tableau est un symbole de la passion pour un artiste qui nous transporte entre rêves et fantasmes.
 
Le dernier tableau est une commande particulière pour un mécène dont un parent était malade. Au contact de ses mots, j’ai pensé à la « Victoire de Samothrace » pour « Victoire, les mots » car elle incarne la puissance et la réussite de toute bataille.