Danielle Zerd

L'art est une recherche de la vérité idéale (Georges Sand)

Danielle Zerd

Cela commence avec le dessin…

C’est le premier moyen qui se présente quand on n’est pas baigné dans un univers socio-culturel privilégié. Puis cela continue par une école d’art où la discipline a fait ses preuves réfléchir, élaborer et terminer chaque projet commencé, les Beaux-Arts ensuite (univers plus éclectique où l’on est livré a soi-même), et c’est enfin la rencontre incontournable avec la sculpture, mon amour pour cette forme artistique qui me parle et me permet de m’exprimer.

Je quitte l’art pendant 5 ans, sans cesser de produire une œuvre à l’occasion. Tout est bon : bouchon de champagne, pain de mie, papier… Puis je trouve un atelier et retrouve mon univers que je ne quitte plus. Je parcours en élève différents ateliers (terre créative, copie, sculpture, taille de pierre, copie de tableaux…) afin d’acquérir de la patience et affiner mon sens de l’observation. Je crée ensuite un atelier commun, destiné à accueillir des artistes qui savent travailler mais qui, seuls, n’ont pas la possibilité de profiter d’un atelier individuel et d’une organisation promotionnelle.

Après 3 ans, je décide de me centrer sur mon travail et je donne des cours de sculpture où j’apprends encore aujourd’hui beaucoup de mes élèves, dans leur soutien et au travers des exigences techniques que je leur transmets. Sans omettre que c’est aussi pour moi le moyen d’être proche de la nature humaine.

En 2005, je crée enfin des œuvres personnelles et non plus des œuvres seulement esthétiques. C’est un défi technique et mon travail prend alors une dimension avec un message et une particularité. La série « Un seul homme », puis, « Les mots à dire » et le départ d’une série de mots réversibles : une démarche alors plus conceptuelle où l’amateur continue de s’impliquer.

Les expositions et salons faisant, je me sens considérée dans mon originalité, ce qui me permettra d’aller plus loin et de repousser les limites de mon inspiration. Une rétrospective de mon travail à l’hôtel du département de l’Orne en 2015, m’a fait prendre du recul sur ma démarche et le sens que je donne à mon travail d’artiste sculpteure.

L’art pour montrer, vendre, exposer a été une étape importante, mais ensuite aller au-delà du beau, de l’inspirant, de la valeur marchande, ce processus de réflexion m’a été nécessaire pour me sentir épanouie dans ma vie.

La création dans quel but, quelle utilité, pour qui ?

J’ai du alors remonter dans le temps pour comprendre ce qui me tenait profondément à cœur. J’avais envie de transmettre à mon tour, comme l’avait fait certaines personnes avec moi pendant mon adolescence, et transmettre à ceux qui ont besoin.

À mes débuts, j’avais soumis un projet de sensibilisation aux droits de l’enfant au service Jeunesse et sport à la ville. Puis Paris, mon atelier d’artiste pendant 10 ans pour transmettre des techniques artistiques à tout public. Puis, ayant eu l’impression que cela ne suffisait plus, j’ai décidé d’aller plus loin avec les publics auxquels je pourrais transmettre ces techniques.

En devenant éducatrice spécialisé en 2017, j’ai professionnalisé ma relation en sachant poser des actes éducatifs enrichis de ma pratique d’artiste de sculpteurs, afin d’intervenir auprès d’enfant et d’adultes qui ont beaucoup de choses à livrer et à dévoiler. Cela me permet de les accompagner en proposant un cadre et des outils afin de pouvoir les aider à se réaliser.

L’art en tant que chemin possible, comme matière, en donnant un sens aux activités proposées, peut permettre de devenir acteur et d’acquérir confiance et estime de soi (…) Je pense que la création artistique contribue à se construire, se reconstruire, car dans l’acte créatif, l’être humain se connaît, s’estime. En redonnant confiance et assurance, chacun peut grandir au fil des difficultés dépassées.

En 2019 des projets en écoles et en maison d’enfants m’ont fait m’interroger sur la prévention et plus seulement la réparation pour pouvoir devenir. Je souhaite dorénavant intégrer cette étape dans mes ateliers créatifs. Car en augmentant la résilience créative en exprimant ce qui ne vas pas puis ce qui me fait plaisir ce que je trouve valorisant pour moi, peut permettre de mieux combattre l’isolement , le repli et la colère et pouvoir en dernière étape se projeter vers l’avant avec de petits objectifs.

Ma plus grande motivation vient de la force de vie, de volonté, de pugnacité, que me transmettent tous ces publics dit fragilisés. L’art est un moyen universel formidable de faire passer des messages, un témoignage indispensable sur le sens que les êtres humains donnent à la vie et au monde.



J’aime cette citation d’André Malraux :

« Il se peut que l’un des plus hauts pouvoirs de l’art soit de donner conscience à des hommes, de la grandeur qu’ils ignorent en eux. »

© 2024 Danielle Zerd